Abbatiale
d'Essômes-sur-Marne

Le monument

Architecture:
  - Généralités
  - Analyse
  - Histoire
Restauration:
  - Diagnostic
  - Toitures
  - Portes
  - Colère de Noé Photos et historique du tableau
MobilierPhotos du mobilier
StallesExtrait de "La Lettre d'Information" de l'association "Stalles de Picardie" (Photos Roland Gardin: stalles et clefs de voutes)
Vitraux Photos des vitraux classés
Archives nationalesDocuments disponibles sur le site du Ministère de la Culture

L'association

AccueilPage d'accueil et dernières nouvelles
Evènements PhotosPhotos des évènements concernant l'Abbatiale
Visites de l'AbbatialeLes dates, les visites sur rendez-vous...
La BoutiqueCartes postales, Catalogue des expositions, Livres...
Agenda
Statuts
Adhésion, Bureau et AGBulletin d'adhésion,qui sont les membres du bureau, du Conseil d'Administration, les membres associés, les collaborateurs ? Comptes-rendus des Assemblée Générales.
Expositions:
  - Fernando Goncalvès Félix
  - Laurent Sébès
  - Mario Prassinos
  - Nicolas Canu
  - Helen De Mott
  - Paolo Santini
  - Jonathan Loppin
  - Pierre Fichet
  - Gérard Vincent
  - Gérard Titus-Carmel
  - Sébastien Bayet
  - Fabrice Rebeyrolle
  - Denis Rivière et Jean-Michel Richard
  - Photos 14-18
  - Georges Rouault
  - Nathalie Raizman
  - Gérard Titus-Carmel 2016
  - Max Wechsler
  - Thierry Bonne
  - Cécile Marie
  - Béatrice Casadesus
  - Christian Lapie
  - Norbert Bardin
  - Sophie Marchand

Concerts, danse:
- LEI, polyphonies
- Festival Jean de la Fontaine
- Festival de danse "C'est comme ça!"
- Thibaut Garcia, guitare classique
- Christophe Oudin, violoncelle
Galerie Photos:
  - Micaela Diaz
  - Remy Salaün
  - Photo-Club Arc-en-Ciel
Projet de mobilier:
  - Patrick Bentz

Fondation du Patrimoine

Restauration de la Toiture de l'Abbatiale
  - Bon de Souscription

Pratique

Voies d'accèsComment venir à l'Abbatiale
BibliographieArticles et photos à propos de l'Abbatiale ou de l'Association
Autres-sitesAdresses d'autres sites intéressants

Contact

saint.ferreol@abbatiale.org

S'abonner au flux, pour être informé automatiquement de chaque mise à jour du site.

Page réservée au CA
(accès restreint)

Page réservation Permanences
(accès restreint)

Le Monument > Histoire > Vie de Pierre Guillery

Contribution à l'histoire de l'abbaye Saint-Ferréol d'Essômes

Extrait de la Vie de Pierre Guillery, Prieur d'Essômes de 1653 à 1659, tiré de :

Frère Gabriel de Boissy,
Abrégé de la vie du Révérend Père Pierre Guillery, Chanoine régulier de la congrégation de France,
Prieur curé de la Ferté-Milon
, 237p., sans date
Manuscrit Ms 3022 conservé dans la Réserve de la Bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris
(Dans la dédicace, p.II, Gabriel de Boissy déclare avoir connu le P. Guillery « depuis près de trente ans »)

par Jean-Marc Wolff (professeur au Lycée Henri IV à Paris) ----- Télécharger la version pdf

L'abrégé fait partie d'un genre courant au sein de l'ordre, les récits de vie de membres de la Congrégation, appuyés sur des témoignages recueillis après leur mort. Ces vies sont destinées « à conserver leur mémoire et à sauvegarder le lien nécessaire entre les morts et les vivants, tous membres d'une même famille religieuse » (BRIAN Isabelle (2001), Messieurs de Sainte-Geneviève ; religieux et curés de la Contre -Réforme à la Révolution, Le Cerf, p.37).
Le manuscrit est dédié au Père Paul Beurrier. Ce dernier fut Supérieur général de l'Ordre de 1675 à 1681. Il est donc probable que le manuscrit a été écrit dans cet intervalle, et probablement plus près de 1675 que de 1681, puisque le P. Pierre Guillery est mort le 17 février 1673. Il était né à Beauvais en 1617. Entré dans la Congrégation de France à 19 ans, en 1636 donc, il est chanoine régulier sous Charles Faure, premier Supérieur de l'Ordre. Il devient, peu après -le manuscrit ne donne pas de date-, Procureur -on dirait aujourd'hui intendant- du monastère de Saint-Lô de Rouen, alors au début de sa réforme. Il est en 1645 assistant du Procureur général de l'abbaye de Sainte-Geneviève à Paris, et en 1650 est élu Procureur général. Après son passage à la direction de l'abbaye d'Essômes de 1653 à 1659, il est nommé Prieur de Saint-Lô la Ville de 1659 à 1662, puis abandonne toute fonction administrative pour devenir jusqu'à sa mort simple prieur-curé à La Ferté-Milon.

Isabelle Briand souligne (Ibid. p.209) qu'il s'agit d'un des récits de vie les plus longs parmi ceux conservés, à côté de ceux des Pères Fronteau ou Hervé; ces derniers sont , comme P. Guillery, des Génovéfains qui se sont totalement engagés dans la pastorale. On retrouve dans l'abrégé de vie, et dans cet extrait, la tension entre les devoirs des charges d'encadrement et l'aspiration à un engagement plus purement spirituel, au service de la Réforme catholique. Le passage de P. Guillery à Essômes est donc présenté comme une étape sur un chemin spirituel qui s'achève à la cure de La Ferté-Milon. Il ne faut donc pas voir dans ce texte un « compte-rendu » objectif, mais une mise en discours de l'itinéraire d'un clerc considéré comme exemplaire.

La relation du séjour de P. Guillery à Essômes occupe les pages 38 à 61 du manuscrit, transcrites ci-après.
J'ai modernisé l'orthographe et fait disparaître les sauts de page.

[...]
     Ayant passé trois ans dans la charge de Procureur général de l'Ordre, il fit de grandes instances au chapitre général tenu en 1653 pour en être déchargé ; il représentait l'affaiblissement de ses forces, l'impuissance où il était de supporter tant de fatigues et le besoin qu'il avait de rentrer dans la solitude pour penser à son salut. Il règla toutes les affaires, rendit ses comptes, ordonna ses papiers et mit toutes choses dans la meilleur état qu'elles pouvaient être. Mais quoique le Chapitre eût égard à sa prière, il ne put se résoudre à ne lui point donner d'emploi. C'est pourquoi en le délivrant d'une charge trop pénible, il voulut lui en donner une plus douce et le fit prieur de l'abbaye de Saint-Ferréole d'Essome près de Chasteauthierry
     Il souffrit une sensible répugnance à ce nouvel ordre de la religion, pour l'aversion qu'il avait toujours eue de commander et cent difficultés que son appréhension naturelle lui fournissait. Mais voyant qu'il n'y avait aucun moyen de parer ce coup, il prit une forte résolution de se perfectionner et sanctifier dans cet emploi.
      Il regarda la maison d'Essome comme un port de salut qui le recevait au sortir de la tempête après avoir été si longtemps agité au milieu des embarras de tant d'affaires qu'il avait gérées ; ou comme une heureuse solitude et un asile assuré, où il devait mieux goûter qu'il n'avait encore fait les douceurs de la vie religieuse, et jouir de sa tranquillité et de son bonheur. Il y entra de même que s'il eût quitté une seconde fois le monde pour ne plus se donner qu'aux exercices intérieurs de la vie spirituelle, à la prière, à l'étude, à la connaissance de soi-même et à la mortification de ses passions.
     Il y demeura plusieurs mois sans aucune communication qu'avec ses frères, ne pensant qu'à se renouveler selon l'homme intérieur par une nouvelle ferveur, et à réparer toutes les pertes qu'il se plaignait avoir faites dans le tracas des affaires.
     Il se plaisait à l'office divin, qu'il faisait chanter et célébrer avec une dévotion très édifiante. Il aimait par tout la propreté, et principalement dans la sacristie et dans les ornements des autels, qu'il procura de telle manière qu'il semblait que toute la maison avait pris à son arrivée une nouvelle force de religion, d'honneur et de beauté. Son exactitude était admirable pour la régularité et pour l'observation de toutes les pratiques religieuses dont il donnait l'exemple et auxquelles il ne cessait d'exhorter ceux qui lui étaient soumis. Il avait une si haute idée de la perfection que Dieu demande aux religieux et il était tellement persuadé de leur obligation d'être plus vertueux que les autres chrétiens qu'il s'inquiétait de ne pas voir toute la ferveur d'esprit qu'il eût souhaitée, en ceux dont il était chargé. Leurs fautes et leurs imperfections l'affligeaient plus qu'eux-mêmes, et il en prenait sujet de se dégoûter de la supériorité. L'expérience l'affermit bientôt contre ces vaines inquiétudes, et lui apprit qu'une des principales conditions d'un supérieur était de compatir aux faiblesses de ses frères à l'exemple de Jesus-Christ, en quoi il s'est rendu depuis très recommandable.
     Ayant réglé le dedans de sa maison, il voulut régler la cure. Il crut que cette grande et laborieuse paroisse qui est annexée à l'abbaye d'Essome, et dont le premier soin a de tous temps appartenu au supérieur, ne devait point échapper à sa sollicitude. Il en prit dans le détail une entière connaissance. Il ordonna des aumônes pour les pauvres, des catéchismes et instructions pour les ignorants. Il prescrivit la manière de visiter et consoler les malades, et disposa si bien son administration que Mgr l'Evêque de Soissons proposait cette paroisse pour modèle à toutes les autres de son diocèse.
      Mais tout ce qu'il faisait pour la conversion des pêcheurs et la pureté des moeurs des paroissiens catholiques lui semblait peu de choses en considérant ce qui lui restait à faire pour un grand nombre de calvinistes répandus dans la paroisse. Il avait une extrême compassion de leur malheur d'être nés dans l'hérésie. Il était vivement touché de leur aveuglement, et il croyait ne pouvoir rien faire de plus agréable à Dieu que de les ramener à l'Eglise de laquelle ils étaient séparés. Pour cela il alla exprès à Paris pour consulter les habiles. Il fit venir des controversistes. Il acheta les livres qui traitent de ces matières. Il fit faire des conférences pour instruire les catholiques et il n'y eut adresse dont il ne s'avisa pour affaiblir l'hérésie et réduire à l'obéissance de l'Eglise ses enfants rebelles.
     Il étudia lui-même la controverse avec toute l'application dont il était capable ; il la prêcha ensuite avec un zèle infatigable, tantôt dans l'Eglise, tantôt dans les places publiques. Il entrait même quelques fois dans les maisons des religionnaires, il conversait familièrement avec eux, il lisait dans leurs livres, et cherchait continuellement les moyens de leur découvrir leurs erreurs et de leur insinuer les vérités de la foi.
     Il vit que la plupart des catholiques étaient ignorants de leur religion et que les calvinistes étaient prévenus contre l'Eglise de plusieurs faussetés, qui les retenaient dans le schisme et les empéchaient de se réunir. Pour remédier à ce double mal, il jugea qu'il fallait mettre entre les mains des uns et des autres un bon catéchisme de controverse pour enseigner les catholiques et détromper les calvinistes. Il le composa lui-même, non sans beaucoup de peine. Car n'ayant point de temps tout le jour, il était obligé de dérober toutes les nuits deux heures de son sommeil, ce qui dura plus de six mois jusqu'à ce que l'ouvrage fût achevé. Il le communiqua à ses amis pour le revoir, et ils en admirèrent la méthode, la breveté, la pureté et la clarté. Il fut ensuite imprimé et revu avec l'approbation générale des plus éclairés, qui ont avoué qu'il ne s'est jamais vu en ce genre un catéchisme mieux digéré. Il s'en est fait en peu de temps trois éditions à Paris, d'où il a été porté dans les provinces, et a servi partout d'un admirable secours à tous ceux qui se mêlent de controverses, principalement pour instruire nouveaux convertis. Il mit à la fin une brève méthode extraite de Tertullien et de Saint-Augustin, et abrégée des livres de feu M. V(?)éron, pour former les catholiques à traiter avec les hérétiques. Il y inséra aussi la profession de la foi catholique avec ses preuves par la parole de Dieu et le sage défi que tout catholique peut faire avec un hérétique. Il donna ce titre à son cathéchisme, Instructions des mystères de la foi en faveur de ceux qui sont parmi les religionnaires.
    Le bon accueil que fit le public à ce premier ouvrage, et l'utilité visible qui en revenait à l'Eglise rendirent son auteur plus faible à écouter les propositions à en entreprendre un second.
     Ce fut de faire une traduction simple et littéraledu Nouveau Testament selon la Vulgate. La nécessité en était trop évidente pour les controversistes, qui n'estimaient pas en ce temps là qu'il y en eût aucune qui fût ou assez fidèle, ou assez intelligible, ou assez littérale. Il accorda ce second ouvrage aux instances de ses amis, et il le travailla continuellement durant plus d'un an avec une assiduité incroyable.Il eut enfin la consolation de voir qu'il n'était pas moins bien reçu et estimé que le premier, le débit ayant suivi de si près son impression que l'imprimeur fut obligé de la réïtérer.
     Ce ne fut donc pas en vain qu'un si digne ouvrier mit la main à la plume pour écrire, mais la grâce qui l'assistait ne devint pas moins puissante dans sa bouche. Plusieurs qui écoutaient ses prédications se laissèrent, heureusement, vaincre par la vérité et quittant le parti de l'hérésie, retournèrent à la paix et à la communion de l'Eglise. Entre plusieurs conversions que Dieu opéra par son ministère, il y en eut une très considérable (cet épisode est considéré par la personne anonyme ayant réalisé la table du manuscrit comme un des dix événements marquants de la vie du P. Guillery), et pour la personne qui était de qualité, et pour les circonstances qui ont quelque chose de surprenant.
     Mademoiselle des Bordeaux très connue dans le pays de Chasteauthierry où elle faisait sa résidence, avait empêché par un faux zèle la conversion de M. de Bordeaux son mari lorsqu'il était près de mourir. Elle fit fermer les portes et garder soigneusement la chambre du malade pour empêcher qu'aucun catholique n'y entrât. Elle-même boucha ses oreilles pour ne point écouter les pressantes et dernières paroles de ce pauvre moribond qu'elle faisait passer pour un fou quand il demandait un prêtre, un prêtre (sic), et le laissa cruellement mourir dans la fausse religion qu'il voulait abjurer. Mais, chose étonnante! -qui n'admirera les jugements de Dieu ?-une femme qui avait fermé les portes de l'Eglise à son mari, les trouve ouvertes pour y entrer elle-même. Quoiqu'elle soit peut-être la cause de la damnation éternelle de cet homme si fortuné ; après qu'elle l'a, si l'on peut ainsi parler précipité dans les enfers, la miséricorde divine se vient offrir à elle , et la met dans la route assurée du paradis. Son bonheur commença par un entretien que le P. Guillery eut avec elle. Il lui remit en mémoire les derniers propos de son mari défunt, s'efforçant de lui faire comprendre qu'assurément il fallait qu'il fût très persuadé de la fausseté de la religion calviniste, puisqu'il s'empressait si fort en ce temps là d'en sortir, et qu'il regardait comme un grand mal d'être obligé d'y mourir. Il lui représentait qu'on ne juge jamais si bien de la vérité de toute chose , que quand on est près de la mort ; qu'elle devrait déférer au jugement de son mari, et au moins se faire instruire, et ne pas condamner une religion qu'elle aurait aimée, et qu'elle aurait regret de n'avoir pas suivi, si elle l'avait connue. Ces discours lui entrèrent avant dans le coeur; que nonobstant toute sa résistance après avoir combattu deux ans contre la grâce, et tâché d'étouffer la lumière qui la conduisait au salut, il fallut se rendre et chercher à se faire instruire par celui qui l'avait premièrement touchée. Elle fit ensuite son abjuration avec une piété exemplaire. L'Eglise en fut honorée, le prêche humilié et les anges en firent un fête dans le ciel. Le P. Guillery, souhaitant que plusieurs profitassent de cette conversion, en fit imprimer les motifs qui furent portés par toute la France, et reçut avec estime les applaudissements . L'illustre convertie a vécu depuis plusieurs années en très bonne catholique, et est passée par la mort, comme on le peut pieusement croire à la communion des saints.
     Le P. Guillery demeura six ans dans la charge de Prieur d'Essome. Et étant allé en 1659 au chapitre provincial qui se tenait dans l'abbaye de Saint-Vincent de Senlis, il y fut député pour aller au chapitre général -où il fut élu Secrétaire de l'Assemblée. C'était une de ses perfections naturelles de savoir très bien écrire, tant pour former nettement les caractères des lettres, que pour la clarté de la diction.
     Dieu permit qu'il fût soupçonné d'avoir violé les secrets du chapitre, dont il était le dépositaire. Mais ce soupçon ne servit que pour manifester davantage sa fidélité ! Il fit rapporter les originaux de toutes les lettres qu'il avait écrites au dehors et qui avaient donné lieu au soupçon dans lesquels on vit tant de discrétion et de sagesse, qu'elles augmentèrent l'estime qu'on avait de son mérite.
La répugnance qu'il avait eue d'être Supérieur s'était accrue par l'expérience, et il souhaitait avec passion de s'en voir délivré, Il employa dans ce chapitre tout ce qu'il avait de crédit et d'amis pour obtenir sa décharge. Mais les Définiteurs étaient bien éloignés de ses prétentions. Ils le choisirent pour une des plus difficiles et des plus importantes commissions qu'ils avaient à donner, qui était alors celle de Prieur de l'Abbaye de Saint-Lô en basse Normandie au Diocèse de Coutance (sic)
[...]


 

Ce site est édité par l'Association Saint Ferréol pour la Sauvegarde de l'Abbatiale.
- 02400 Essômes-sur-Marne - saint.ferreol@abbatiale.org
Conception graphique et développement: Bernard Poggi-Vérignon