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Le Monument > Histoire > Vie de Pierre Guillery
Contribution à l'histoire de l'abbaye Saint-Ferréol d'Essômes
Extrait de la Vie de Pierre Guillery,
Prieur d'Essômes de 1653 à 1659, tiré de :
Frère Gabriel de Boissy,
Abrégé de la vie du Révérend Père Pierre
Guillery, Chanoine régulier de la congrégation de France,
Prieur curé de la Ferté-Milon, 237p., sans date
Manuscrit Ms 3022 conservé dans la Réserve de la Bibliothèque
Sainte-Geneviève à Paris
(Dans la dédicace, p.II, Gabriel de Boissy déclare
avoir connu le P. Guillery « depuis près de trente ans »)
par Jean-Marc Wolff (professeur au Lycée Henri IV
à Paris) ----- Télécharger
la version pdf
L'abrégé fait partie d'un genre courant au sein de l'ordre, les
récits de vie de membres de la Congrégation, appuyés sur
des témoignages recueillis après leur mort. Ces vies sont destinées
« à conserver leur mémoire et à sauvegarder le lien
nécessaire entre les morts et les vivants, tous membres d'une même
famille religieuse » (BRIAN Isabelle (2001), Messieurs
de Sainte-Geneviève ; religieux et curés de la Contre -Réforme
à la Révolution, Le Cerf, p.37).
Le manuscrit est dédié au Père Paul Beurrier. Ce dernier
fut Supérieur général de l'Ordre de 1675 à 1681.
Il est donc probable que le manuscrit a été écrit dans
cet intervalle, et probablement plus près de 1675 que de 1681, puisque
le P. Pierre Guillery est mort le 17 février 1673. Il était né
à Beauvais en 1617. Entré dans la Congrégation de France
à 19 ans, en 1636 donc, il est chanoine régulier sous Charles
Faure, premier Supérieur de l'Ordre. Il devient, peu après -le
manuscrit ne donne pas de date-, Procureur -on dirait aujourd'hui intendant-
du monastère de Saint-Lô de Rouen, alors au début de sa
réforme. Il est en 1645 assistant du Procureur général
de l'abbaye de Sainte-Geneviève à Paris, et en 1650 est élu
Procureur général. Après son passage à la direction
de l'abbaye d'Essômes de 1653 à 1659, il est nommé Prieur
de Saint-Lô la Ville de 1659 à 1662, puis abandonne toute fonction
administrative pour devenir jusqu'à sa mort simple prieur-curé
à La Ferté-Milon.
Isabelle Briand souligne (Ibid. p.209) qu'il s'agit d'un des récits de vie les plus longs parmi ceux conservés, à côté de ceux des Pères Fronteau ou Hervé; ces derniers sont , comme P. Guillery, des Génovéfains qui se sont totalement engagés dans la pastorale. On retrouve dans l'abrégé de vie, et dans cet extrait, la tension entre les devoirs des charges d'encadrement et l'aspiration à un engagement plus purement spirituel, au service de la Réforme catholique. Le passage de P. Guillery à Essômes est donc présenté comme une étape sur un chemin spirituel qui s'achève à la cure de La Ferté-Milon. Il ne faut donc pas voir dans ce texte un « compte-rendu » objectif, mais une mise en discours de l'itinéraire d'un clerc considéré comme exemplaire.
La relation du séjour de P. Guillery à Essômes occupe les
pages 38 à 61 du manuscrit, transcrites ci-après.
J'ai modernisé l'orthographe et fait disparaître les sauts de page.
[...]
Ayant passé trois ans dans la charge de Procureur
général de l'Ordre, il fit de grandes instances au chapitre général
tenu en 1653 pour en être déchargé ; il représentait
l'affaiblissement de ses forces, l'impuissance où il était de
supporter tant de fatigues et le besoin qu'il avait de rentrer dans la solitude
pour penser à son salut. Il règla toutes les affaires, rendit
ses comptes, ordonna ses papiers et mit toutes choses dans la meilleur état
qu'elles pouvaient être. Mais quoique le Chapitre eût égard
à sa prière, il ne put se résoudre à ne lui point
donner d'emploi. C'est pourquoi en le délivrant d'une charge trop pénible,
il voulut lui en donner une plus douce et le fit prieur de l'abbaye de Saint-Ferréole
d'Essome près de Chasteauthierry
Il souffrit une sensible répugnance à
ce nouvel ordre de la religion, pour l'aversion qu'il avait toujours eue de
commander et cent difficultés que son appréhension naturelle lui
fournissait. Mais voyant qu'il n'y avait aucun moyen de parer ce coup, il prit
une forte résolution de se perfectionner et sanctifier dans cet emploi.
Il regarda la maison d'Essome comme un port
de salut qui le recevait au sortir de la tempête après avoir été
si longtemps agité au milieu des embarras de tant d'affaires qu'il avait
gérées ; ou comme une heureuse solitude et un asile assuré,
où il devait mieux goûter qu'il n'avait encore fait les douceurs
de la vie religieuse, et jouir de sa tranquillité et de son bonheur.
Il y entra de même que s'il eût quitté une seconde fois le
monde pour ne plus se donner qu'aux exercices intérieurs de la vie spirituelle,
à la prière, à l'étude, à la connaissance
de soi-même et à la mortification de ses passions.
Il y demeura plusieurs mois sans aucune communication
qu'avec ses frères, ne pensant qu'à se renouveler selon l'homme
intérieur par une nouvelle ferveur, et à réparer toutes
les pertes qu'il se plaignait avoir faites dans le tracas des affaires.
Il se plaisait à l'office divin, qu'il
faisait chanter et célébrer avec une dévotion très
édifiante. Il aimait par tout la propreté, et principalement dans
la sacristie et dans les ornements des autels, qu'il procura de telle manière
qu'il semblait que toute la maison avait pris à son arrivée une
nouvelle force de religion, d'honneur et de beauté. Son exactitude était
admirable pour la régularité et pour l'observation de toutes les
pratiques religieuses dont il donnait l'exemple et auxquelles il ne cessait
d'exhorter ceux qui lui étaient soumis. Il avait une si haute idée
de la perfection que Dieu demande aux religieux et il était tellement
persuadé de leur obligation d'être plus vertueux que les autres
chrétiens qu'il s'inquiétait de ne pas voir toute la ferveur d'esprit
qu'il eût souhaitée, en ceux dont il était chargé.
Leurs fautes et leurs imperfections l'affligeaient plus qu'eux-mêmes,
et il en prenait sujet de se dégoûter de la supériorité.
L'expérience l'affermit bientôt contre ces vaines inquiétudes,
et lui apprit qu'une des principales conditions d'un supérieur était
de compatir aux faiblesses de ses frères à l'exemple de Jesus-Christ,
en quoi il s'est rendu depuis très recommandable.
Ayant réglé le dedans de sa maison,
il voulut régler la cure. Il crut que cette grande et laborieuse paroisse
qui est annexée à l'abbaye d'Essome, et dont le premier soin a
de tous temps appartenu au supérieur, ne devait point échapper
à sa sollicitude. Il en prit dans le détail une entière
connaissance. Il ordonna des aumônes pour les pauvres, des catéchismes
et instructions pour les ignorants. Il prescrivit la manière de visiter
et consoler les malades, et disposa si bien son administration que Mgr l'Evêque
de Soissons proposait cette paroisse pour modèle à toutes les
autres de son diocèse.
Mais tout ce qu'il faisait pour la conversion
des pêcheurs et la pureté des moeurs des paroissiens catholiques
lui semblait peu de choses en considérant ce qui lui restait à
faire pour un grand nombre de calvinistes répandus dans la paroisse.
Il avait une extrême compassion de leur malheur d'être nés
dans l'hérésie. Il était vivement touché de leur
aveuglement, et il croyait ne pouvoir rien faire de plus agréable à
Dieu que de les ramener à l'Eglise de laquelle ils étaient séparés.
Pour cela il alla exprès à Paris pour consulter les habiles. Il
fit venir des controversistes. Il acheta les livres qui traitent de ces matières.
Il fit faire des conférences pour instruire les catholiques et il n'y
eut adresse dont il ne s'avisa pour affaiblir l'hérésie et réduire
à l'obéissance de l'Eglise ses enfants rebelles.
Il étudia lui-même la controverse
avec toute l'application dont il était capable ; il la prêcha ensuite
avec un zèle infatigable, tantôt dans l'Eglise, tantôt dans
les places publiques. Il entrait même quelques fois dans les maisons des
religionnaires, il conversait familièrement avec eux, il lisait dans
leurs livres, et cherchait continuellement les moyens de leur découvrir
leurs erreurs et de leur insinuer les vérités de la foi.
Il vit que la plupart des catholiques étaient
ignorants de leur religion et que les calvinistes étaient prévenus
contre l'Eglise de plusieurs faussetés, qui les retenaient dans le schisme
et les empéchaient de se réunir. Pour remédier à
ce double mal, il jugea qu'il fallait mettre entre les mains des uns et des
autres un bon catéchisme de controverse pour enseigner les catholiques
et détromper les calvinistes. Il le composa lui-même, non sans
beaucoup de peine. Car n'ayant point de temps tout le jour, il était
obligé de dérober toutes les nuits deux heures de son sommeil,
ce qui dura plus de six mois jusqu'à ce que l'ouvrage fût achevé.
Il le communiqua à ses amis pour le revoir, et ils en admirèrent
la méthode, la breveté, la pureté et la clarté.
Il fut ensuite imprimé et revu avec l'approbation générale
des plus éclairés, qui ont avoué qu'il ne s'est jamais
vu en ce genre un catéchisme mieux digéré. Il s'en est
fait en peu de temps trois éditions à Paris, d'où il a
été porté dans les provinces, et a servi partout d'un admirable
secours à tous ceux qui se mêlent de controverses, principalement
pour instruire nouveaux convertis. Il mit à la fin une brève méthode
extraite de Tertullien et de Saint-Augustin, et abrégée des livres
de feu M. V(?)éron, pour former les catholiques à traiter avec
les hérétiques. Il y inséra aussi la profession de la foi
catholique avec ses preuves par la parole de Dieu et le sage défi que
tout catholique peut faire avec un hérétique. Il donna ce titre
à son cathéchisme, Instructions des mystères
de la foi en faveur de ceux qui sont parmi les religionnaires.
Le bon accueil que fit le public à ce premier
ouvrage, et l'utilité visible qui en revenait à l'Eglise rendirent
son auteur plus faible à écouter les propositions à en
entreprendre un second.
Ce fut de faire une traduction simple et littéraledu
Nouveau Testament selon la Vulgate. La nécessité en était
trop évidente pour les controversistes, qui n'estimaient pas en ce temps
là qu'il y en eût aucune qui fût ou assez fidèle,
ou assez intelligible, ou assez littérale. Il accorda ce second ouvrage
aux instances de ses amis, et il le travailla continuellement durant plus d'un
an avec une assiduité incroyable.Il eut enfin la consolation de voir
qu'il n'était pas moins bien reçu et estimé que le premier,
le débit ayant suivi de si près son impression que l'imprimeur
fut obligé de la réïtérer.
Ce ne fut donc pas en vain qu'un si digne ouvrier
mit la main à la plume pour écrire, mais la grâce qui l'assistait
ne devint pas moins puissante dans sa bouche. Plusieurs qui écoutaient
ses prédications se laissèrent, heureusement, vaincre par la vérité
et quittant le parti de l'hérésie, retournèrent à
la paix et à la communion de l'Eglise. Entre plusieurs conversions que
Dieu opéra par son ministère, il y en eut une très considérable
(cet épisode est considéré par la personne
anonyme ayant réalisé la table du manuscrit comme un des dix événements
marquants de la vie du P. Guillery), et pour la personne qui était
de qualité, et pour les circonstances qui ont quelque chose de surprenant.
Mademoiselle des Bordeaux très connue dans
le pays de Chasteauthierry où elle faisait sa résidence, avait
empêché par un faux zèle la conversion de M. de Bordeaux
son mari lorsqu'il était près de mourir. Elle fit fermer les portes
et garder soigneusement la chambre du malade pour empêcher qu'aucun catholique
n'y entrât. Elle-même boucha ses oreilles pour ne point écouter
les pressantes et dernières paroles de ce pauvre moribond qu'elle faisait
passer pour un fou quand il demandait un prêtre, un prêtre (sic),
et le laissa cruellement mourir dans la fausse religion qu'il voulait abjurer.
Mais, chose étonnante! -qui n'admirera les jugements de Dieu ?-une femme
qui avait fermé les portes de l'Eglise à son mari, les trouve
ouvertes pour y entrer elle-même. Quoiqu'elle soit peut-être la
cause de la damnation éternelle de cet homme si fortuné ; après
qu'elle l'a, si l'on peut ainsi parler précipité dans les enfers,
la miséricorde divine se vient offrir à elle , et la met dans
la route assurée du paradis. Son bonheur commença par un entretien
que le P. Guillery eut avec elle. Il lui remit en mémoire les derniers
propos de son mari défunt, s'efforçant de lui faire comprendre
qu'assurément il fallait qu'il fût très persuadé
de la fausseté de la religion calviniste, puisqu'il s'empressait si fort
en ce temps là d'en sortir, et qu'il regardait comme un grand mal d'être
obligé d'y mourir. Il lui représentait qu'on ne juge jamais si
bien de la vérité de toute chose , que quand on est près
de la mort ; qu'elle devrait déférer au jugement de son mari,
et au moins se faire instruire, et ne pas condamner une religion qu'elle aurait
aimée, et qu'elle aurait regret de n'avoir pas suivi, si elle l'avait
connue. Ces discours lui entrèrent avant dans le coeur; que nonobstant
toute sa résistance après avoir combattu deux ans contre la grâce,
et tâché d'étouffer la lumière qui la conduisait
au salut, il fallut se rendre et chercher à se faire instruire par celui
qui l'avait premièrement touchée. Elle fit ensuite son abjuration
avec une piété exemplaire. L'Eglise en fut honorée, le
prêche humilié et les anges en firent un fête dans le ciel.
Le P. Guillery, souhaitant que plusieurs profitassent de cette conversion, en
fit imprimer les motifs qui furent portés par toute la France, et reçut
avec estime les applaudissements . L'illustre convertie a vécu depuis
plusieurs années en très bonne catholique, et est passée
par la mort, comme on le peut pieusement croire à la communion des saints.
Le P. Guillery demeura six ans dans la charge
de Prieur d'Essome. Et étant allé en 1659 au chapitre provincial
qui se tenait dans l'abbaye de Saint-Vincent de Senlis, il y fut député
pour aller au chapitre général -où il fut élu Secrétaire
de l'Assemblée. C'était une de ses perfections naturelles de savoir
très bien écrire, tant pour former nettement les caractères
des lettres, que pour la clarté de la diction.
Dieu permit qu'il fût soupçonné
d'avoir violé les secrets du chapitre, dont il était le dépositaire.
Mais ce soupçon ne servit que pour manifester davantage sa fidélité !
Il fit rapporter les originaux de toutes les lettres qu'il avait écrites
au dehors et qui avaient donné lieu au soupçon dans lesquels on
vit tant de discrétion et de sagesse, qu'elles augmentèrent l'estime
qu'on avait de son mérite.
La répugnance qu'il avait eue d'être Supérieur s'était
accrue par l'expérience, et il souhaitait avec passion de s'en voir délivré,
Il employa dans ce chapitre tout ce qu'il avait de crédit et d'amis pour
obtenir sa décharge. Mais les Définiteurs étaient bien
éloignés de ses prétentions. Ils le choisirent pour une
des plus difficiles et des plus importantes commissions qu'ils avaient à
donner, qui était alors celle de Prieur de l'Abbaye de Saint-Lô
en basse Normandie au Diocèse de Coutance (sic)
[...]